S comme Scrabble

 

board game chance game indoors

 

Dans notre maison de famille, il y a un vieux Scrabble.

De Luxe, mais pitoyable.

Les angles de la boîte, déchirés, ont été plusieurs fois rafistolés au gros scotch marron, les couleurs du carton sont fanées : peu importe, c’est LE Scrabble de Mamie, celui sans lequel on ne peut pas imaginer de jouer au Scrabble dans cette maison.

Dans la boîte, il y a un sac en tissu suffisamment grand pour contenir le plateau en entier, pratique pour ramasser les lettres en fin de partie. Il a été fait dans un tissu d’une robe de ma tante. La robe a disparu depuis 30 ans au moins, pas le sac.  Dernier accessoire : un vieux dictionnaire, un Larousse de 1979, qui sert de référence en cas de contestation et d’inspiration quand on ne sait pas quoi faire de ses lettres. Il lui manque aujourd’hui quelques pages et il n’intègre évidemment pas les néologismes que nous voudrions vérifier. Tant pis.

Mamie aimait beaucoup jouer au Scrabble. Il y avait souvent des volontaires pour jouer avec elle. Des chevronnés, parfois, qui engageaient des parties de haut vol. Des béotiens, qui ne savaient jamais quoi faire de leur W, de leur K ou de leur Y et à qui elle arrivait à trouver des « wu » et des « moka » inespérés. Des chanceux, qui lui plaçaient sous le nez des « kawa » compte triple alors qu’elle, elle n’avait pas de jeu et finissait la partie de mauvaise humeur, en mauvaise joueuse qui a horreur de perdre…

Les retrouvailles estivales entre cousins dans la maison sont l’occasion de ressortir le Scrabble et de jouer quelques parties. On retrouve des calculs datant de plusieurs années, griffonnés sur de vieilles ordonnances de Papi, on refait les mêmes commentaires sur la laideur de ce sac qui est pourtant si pratique. On se dit qu’on est un peu hors du temps, sans télévision ni internet, dans la sérénité de la vieille maison. On est bien.