Tous les chemins mènent à Rome

Il y a quelques jours est paru mon Guide de latin à l’usage des généalogistes, chez Archives et Culture.

C’est le résultat d’un beau travail mené avec Marie-Odile Mergnac et Cécile Renaudin, que je remercie d’avoir supporté patiemment mes revirements, mes corrections et mes rajouts ultimes.

Quoique la plupart des actes auxquels nous avons affaire soient en français, nous sommes souvent confrontés au latin : dans certaines régions, à certaines époques, il n’est pas rare de trouver des registres paroissiaux dans cette langue familière aux prêtres.

AD84, BMS Châteauneuf du Pape, 1732.

Or, il n’existait que peu de choses pour aborder les registres en latin.

Certes, on trouve sur des sites d’associations, des listes de vocabulaire et de prénoms, plus ou moins fiables sur le plan sémantique comme sur le plan grammatical. Non, « Capuccino » n’est sans doute pas la traduction latine du prénom Capucine… (vu pour de vrai !)

Certes, on peut faire appel à de fins latinistes, qui prodiguent volontiers leur aide sur Facebook ou Généanet, mais on ne peut pas les solliciter jour et nuit.

Certes, on peut commencer ou reprendre l’apprentissage du latin en consultant les grammaires et les manuels : ils sont riches de nombreux détails de civilisation, d’histoire romaine tout à fait passionnants, mais ne sont guère adaptés au vocabulaire chrétien en usage sous l’Ancien Régime dans les registres paroissiaux. C’est faisable, mais un peu décourageant si on n’a pas fait de latin au lycée !

Il existe bien quelques brochures qui récapitulent les formules les plus courantes et en offrent des traductions : on ne peut souvent les consulter qu’en bibliothèque ou en salle de lecture, leur diffusion est restée confidentielle. De même, quelques AD et associations offrent des cours : j’ai entendu dire que l’Aprogemere avait des membres passionnés, érudits, qui replongent avec beaucoup de plaisir dans leurs souvenirs des langues anciennes. Mais ça fait loin, l’Auvergne, parfois, pour un cours hebdomadaire…

Ce guide vient donc combler un manque et apporter une petite aide à tous ceux qui voudraient essayer de se repérer dans les actes en latin. Je me suis donné comme objectif d’être claire et efficace, de limiter mon propos à ce qui concerne la généalogie, de m’appuyer sur des exemples représentatifs. Je ne sais pas si j’y suis parvenue : vous me direz.

E. A. G ? En attendant Godot ?

E. A. G, c’est habituellement l’abréviation utilisée, dans mes notes de cours, pour En attendant Godot, la pièce de Beckett qui met en scène ces clochards magnifiques, attendant sur le bord d’une route de campagne l’arrivée hypothétique d’un sauveur à barbe blanche.

Ces derniers mois, cependant, le sigle E.A.G., pour moi, c’est l’Ecole européenne de Généalogie, ou European Academy of Genealogy en anglais.

Un projet complètement dingue, élaboré avec des confrères et amis : créer la formation de généalogie dont nous aurions rêvé, complète, pratique, au plus près des archives, avec des généalogistes professionnels compétents et disponibles pour guider leurs élèves.

Un travail de forçat, pour construire les cours, les cas pratiques, les exercices d’évaluations, les sujets d’examens et de mémoire, etc.

De grands moments de tension, de fatigue, d’inquiétudes, mais aussi de travail d’équipe constructif, d’échanges fructueux et de fous rires.

Un vrai bonheur, pour ma part, à partager mes connaissances en latin et en anthroponymie, à plonger dans les archives concernant la noblesse, à blasonner, à retrouver les archives de la période révolutionnaire, à travailler la mise en forme des recherches et l’écriture de l’histoire familiale.

Des réelles satisfactions, aussi, quand on voit le beau travail des premiers élèves qui nous ont fait confiance et se sont engagés dans cette formation avec beaucoup de détermination.

Des projets et de belles espérances, en outre, pour consolider ce qui a été fait et élargir notre offre.

Le blog en a souffert : je n’ai pas eu beaucoup de temps à lui consacrer.

Mais ce n’était pas du temps perdu à attendre vainement l’arrivée de Godot !

https://www.eagenealogy.com/