Tenir salon ?

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Les salons de généalogie, c’est un univers tout nouveau pour moi, qui ne me suis aventurée que tout récemment à y tenir une table.

Rien à voir avec les salons que je fréquente : j’ai passé beaucoup de temps dans la chambre bleue de l’incomparable Arthenice, j’ai médit de mes semblables avec  la coquette Célimène, j’ai apprécié chez Mme de Sablé l’esprit et la noirceur augustinienne de mon grand ami M. le Duc de La Rochefoucauld…

Là, c’est un tout autre monde ! Une Terra incognita à explorer.

L’Association des Etudiants de Généalogie de Nîmes, relancée en juin 2017 par plusieurs membres de ma promotion du D.U., m’en a offert l’occasion. Nous nous sommes inscrits au salon de Nîmes, en novembre 2017, pour faire connaître l’association et le D.U. et promouvoir ceux de nos membres qui s’installent comme professionnels.

 

Une question me turlupinait : à quoi ça ressemble, un généalogiste hors des AD ?

On a l’habitude de le croiser en salle de lecture, concentré, impatient, scrupuleux et méthodique, ne troublant le silence des lieux que par de brèves interjections, rouspétances feutrées ou grognements de joie vite réprimés.

J’ai ma réponse. Le généalogiste de salon est tout transformé !

Il est incroyablement bavard : il retrouve des connaissances, des amis, des gens qu’il ne voit que lors des salons, il a des quantités de choses à raconter depuis la dernière fois où ils se sont croisés, aux Journées généalogiques de Paimpol, Belfort ou Menton. Ca tchatche, ça piaille, ça rit, il y a un volume sonore effroyable !

Il est gourmand : sur toutes les tables, des quantités de biscuits, thermos, gobelets ; plus personne derrière les tables entre midi et 14h, 14H30 pour certains…

Il est complètement enthousiaste, parfois euphorique : quand on s’intéresse à ce qu’il propose, à l’association qu’il représente, aux produits qu’il vend, il s’anime, devient tout excité et ne vous laisse plus repartir avant de vous avoir tout bien expliqué en quoi son travail est génial, nécessaire et fabuleux.

Il est souriant et gentil : tous les gens rencontrés étaient de bonne humeur, disposés à échanger, contents et curieux de voir de nouvelles têtes : oh ! des gens jeunes qui s’investissent, qui partagent leur passion, qui font leur premier salon… ! Et il y en a même une qui a moins de 26 ans ! ohhh…

Mais au delà de ces généralités, le salon de l’UGG m’a offert de belles rencontres, plus personnelles et plus inattendues.

Les retrouvailles tant espérées avec les autres étudiants de la promotion Nulsifrotte et d’autres anciens du DU, finalement assez nombreux à être passés nous saluer.

Une dame, croisée dans la semaine aux AD de Rodez, de Montpellier, et l’an dernier aux AD du Gard : ça y est, je sais qui c’est, nous avons pris le temps de discuter et c’était très sympathique.

Et surtout, une anecdote qui a en-chan-té ma journée   :

En allant me présenter aux Cantalous de l’Aprogemere, dont mon oncle est membre depuis longtemps, je suis tombée sur une dame charmante, dynamique retraitée aux yeux pétillants derrière des lunettes rouges, qui me dit :

– Mais alors, si vous êtes la nièce d’Henri, vous êtes la petite fille de François Coste ! C’est votre grand-père qui m’a sauvé la vie !

fc-5Et elle m’a raconté qu’elle connaissait très bien mon grand-père. Il était médecin à Aurillac entre 1935 et 1975. Quand elle était toute petite, ses parents avaient consulté le docteur parce qu’elle était malingre et souffreteuse, elle dépérissait et recrachait son biberon. Diagnostic et prescription immédiats : « Elle n’aime pas le lait, il fauCantal_01t lui donner du Cantal. »

A partir de ce moment-là, elle avait repris de l’appétit et était devenue une enfant en pleine santé.

C’était tellement lui, ce conseil, ce bon sens, ce goût immodéré pour les fromages auvergnats, que cette simple petite histoire m’a émue toute la journée.

C’est ça, pour moi, la généalogie : retrouver, à partir de détails surgis du passé, les figures marquantes de notre enfance, les gestes et la trace de ceux qu’on a aimés.

Et c’est encore plus intéressant quand on peut partager cette expérience : c’est bien, les salons de généalogie. J’en referai.